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Ariane et Yanick s’en vont au Cambodge!

Dur, dur de recommencer à pédaler. Après trois semaines de repos, il nous faut repartir de Bangkok gavés et avec quelques livres de vêtements chauds en plus. Mais évidemment, ce n’est pas à Bangkok que nous mettrons nos doudounes, le mercure (en plein « hiver ») dépassant encore largement les 30 degrés Celsius! Cette fois, on ne peut éviter le trafic de la métropole qui abrite quelque 10 millions de Thaïlandais. Même en partant à 7h le matin un samedi, nous sommes surpris de la densité de la circulation.


Y’a des éléphants dans le coin!


Au moins notre retour sur la route sera ponctué de quelques événements de générosité. D’abord, un premier camion s’arrête pour nous remette une épingle à l’effigie de l’événement qui eut lieu la veille, « Bike for Dad ». Dad représantant le roi Rama IX, roi actuel de la Thaìlande, aimé de tous mais qui, avec ses 88 ans, éprouve plusieurs difficultés de santé. L’événement s’en voulait donc un de soutien au roi et à la monarchie. Les médias affirment qu’à l’échelle du pays, près de 900 000 participants ont pédalé afin de manifester leur amour au roi. Dommage qu’on n’ait pas pu pédaler avec eux! Mais le simple fait d’assister à cette ferveur cycliste était assez incroyable. On a même aperçu le prince héritier... Et un vélo Louis Garneau!


Bref, tout ça pour dire qu’au lendemain (littéralement) de cet événement, un gentil monsieur s’est arrêté pour nous encourager et nous donner un beau souvenir. Quelques minutes après cela, alors que l’on roulait sur une voie rapide assez achalandée, c’est un camionneur qui s’est arrêté pour nous offrir une grosse bouteille d’eau. Lorsqu’il nous a vus transvider la bouteille dans notre poche à eau, il s’est empressé de nous en donner une seconde! On commençait justement à manquer d’eau dans cette chaleur...


Notre gentil samaritain à droite et le proprio de la gargotte!


Nous avons ensuite pu bifurquer sur une petite route tranquille. Quelle ne fut pas notre surprise lorsqu'un monsieur sortit d’une gargotte typique de village en nous faisant de grands signes. Nous nous arrêtons pour découvrir que c’est le même homme qui nous a remis nos épingles ce matin! Bien que nous venions tout juste de dîner, nous ne pouvons pas refuser son invitation et nous nous assoyons avec lui sous l’œil amusé des autres clients. C’est alors que, comble de la générosité, un travailleur de champs s’approche de nous pour nous remettre 4 bouteilles d’eau. Il nous fait comprendre qu’il les a déjà payés et qu’il est inutile de refuser. Nous sommes estomaqués de reconnaissance. Une bouteille d’eau n’est pas extrêmement chère, mais l’homme qui nous en a donné quatre ne doit vraiment pas avoir un très bon salaire. On le remercie comme on peut, et en retour on reçoit le plus beau sourire d’un homme qui n’a qu’une dent!


Remplis de riz et de reconnaissance, nous remontons sur nos selles en nous disant que c’est ce genre d’événement qui constitue la beauté du voyage à vélo. S’en suit quelques jours sans histoire alors que nous traversons une partie de la Thailande qui est davantage industrielle et rurale. Nous voulions éviter l’autoroute côtière, mais les routes que nous avons empruntées étaient plus ou moins intéressantes. Ananas, cannes à sucre et plantations de palmes furent nos compagnons dans ces contrées rurales! Il faut dire que nous ne pouvions pas chômer, notre visa expirant 6 jours après notre départ! Impossible donc de reprendre la route en douceur, il fallait avaler les 500km avant la frontière cambodgienne rapidement! Nous avons néanmoins été surpris lors de notre dernière escale dans la ville de Trat, de découvrir une bourgade sympathique et authentique où plusieurs « farangs » (étrangers) semblent avoir élu domicile. Et hop, on se gave une dernière fois de la succulente nourriture Thaïe, car on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve.


Nous, on aime ça pointer des panneaux!


L’avenir à cet instant se résume à un mot : Cambodge. Nous parcourons alors les derniers kilomètres de la partie la plus étroite de la Thailande sous les arbres et espérons que le passage à la frontière se fera sans accrocs. Nous savons d’ores et déjà que le Cambodge est tristement célèbre pour sa corruption et nous nous attendons donc à payer une commission sur notre visa. Le montant officiel du visa est de 30$US. Après être sortis de la Thailande et avoir franchi le « no man’s land », nous rentrons dans le bureau des officiels Cambodgiens afin d’obtenir notre visa.


- « How much for the visa? » demande-t-on au monsieur bête en avant de nous.

- « 1600 » nous répond-t-il sans lever les yeux de son formulaire. Il parle en bahts mais son prix reste incroyablement élevé. Plus de 60$ Canadiens. 45$US. Je suis déjà fâchée intérieurement à l’idée de payer ce prix.

- And in US dollars? (On s’essaye, on ne sait jamais.)

- 37$US nous répond-t-il finalement après une longue période de réflexion.


Ouf, il ne sait pas compter! On s’empresse de payer en beaux billets américains, on ressort avec notre visa de 30 jours. Légèrement dérangés de s’être faits escroqués, mais soulagés d’être entrés en sol cambodgien, on peut enfin respirer. Plus de «deadline » pour sortir de la Thailande, on a un gros mois pour explorer un nouveau pays, relativement petit comparé à ses nombreux voisins.


Arrivés au Cambodge, on trouve des bonnes baguettes!


Quelques observations sur nos premières impressions du pays des Khmers. Juste à la frontière se trouve un immense hôtel/casino où on suppose que les Thaïs viennent dilapider leur argent, le jeu étant prohibé en Thailande. En plus de changer de côté et de maintenant conduire à droite, on doit éviter toutes les craques qui fissurent les 10km de route qui mènent à Koh Kong. Après notre sprint pour sortir de la Thailande, on s’octroie un jour de repos à Koh Kong afin de décanter un peu. Nous avons un léger choc en arrivant dans cette ville. On a bel et bien laissé la Thailande derrière. On retouve les déchets et les enfants qui courent à moitié nus (en nous disant bonjour!). Les infrastructures semblent plus élémentaires, mais on nous sourit à profusion. Nous sommes heureux de tomber sur une boulangerie qui vend des baguettes, un des héritages de l’occupation française qui prît place de la fin du 19è siècle jusque dans les années 50. Le pays ne faisait alors que commencer à nous surprendre...


Après Koh Kong, un parc national borde les deux côtés de l’autoroute qui n’a d’autoroute que son nom. Nous avons donc pédalé pendant plus de 100km entourés d’arbres dans une atmosphère plus que paisible. Nous en avons profité pour camper sur ce qui nous semblait être un ancien site de construction, en faisant bien attention de ne marcher qu’aux endroits où on savait que quelqu’un avait déjà marché. Pas envie d’exploser à cause d’une mine de la guerre du Vietnam! Après cette merveilleuse nuit au frais dans le confort de notre tente, nous avons commencé à voir plus de villages. Et évidemment, chaque enfant que l’on croise de nous lancer un « hello » joyeux et bruyant. On répond à tout coup même si la salutation vient d’une maison lointaine et qu’on ne peut pas identifier son origine! Souvent on se dit « Mais t’es où? Pourquoi toi tu me vois et pas moi?»


On sort de la forêt et on voit la mer!


On est frappé en arrivant au Cambodge de constater la quantité d’enfants qu’il y a. Ce qui explique en partie la surreprésentation des bambins, c’est le règne des Khmers Rouges, qui dura plus de trois ans de 1975 à 1979. À cette période, en pleine guerre du Vietnam, ce groupe militaire d’extrême gauche s’empara du pouvoir et força tous les habitants de la capitale Phnom Penh à l’exil. On organisa des camps de travail, tous devinrent des paysans, mais plusieurs moururent quand même de faim à cause des restrictions alimentaires. Dans ce pays qui comptait alors environ 8 millions d’âmes, il est avancé que les Khmers Rouges tuèrent, directement ou non, plus d’un million et demi de personnes. Pas étonnant qu’en 2015, il n’y ait pas trop de personnes âgées...


Bref, le pays est jeune. Et en plein développement. Merci à la Chine qui a si gracieusement investi en masse dans les infrastructures cambodgiennes. Des routes qui, sur notre carte routière de 2009, étaient marquées « non asphaltées », le sont dorénavant. On ressent plus qu’ailleurs cette tendance au développement. Il y a de la construction un peu partout alors que le pays tente de se sortir de la pauvreté. Cela en fait un peu par la même occasion, un pays plein d’espoir. Plein de promesses. Où tout ne peut qu’aller, du moins on l’espère, en s’améliorant.


Nos hôtes le temps d’une nuit!


C’est aussi un pays où les gens sont curieux. Contrairement aux Thaïs qui étaient assez timides, les Khmers sont d’un naturel avenant et gentil. En cherchant un endroit où dormir un après-midi où il n’y avait pas d’hôtel en vue, nous nous sommes arrêtés à la base d’armée d’une petite bourgade. Aussitôt que l’on a mimé le signe de dormir, le chef a tout de suite accepté. Il nous a même offert le hamac sur lequel il se reposait la seconde auparavant, mais nous avons refusé, ayant déjà tout ce qu’il faut! D’abord respectueux et timides lorsque nous montions notre campement, les militaires sont venus tous ensemble voir ce que nous nous concoctions pour souper! Et comme on avait déniché ce qu’on pouvait sur la route, ils ont dû trouver qu’on mangeait des choses très bizarres!


Du crabe de Kep au poivre vert de Kampot!


Il n’en restait plus beaucoup avant qu’on s’arrête (encore!) pour le temps des Fêtes. Après une escale gourmande à Kampot, agréable ville à l’architecture française qui borde la rivière du même nom, nous avons continué notre chemin quelques kilomètres plus à l’est afin de se poser à Kep. Nous avons pu y déballer nos cadeaux de Noël, ce qui s’est traduit par quelques nuits dans un fabuleux écolodge avec de la nourriture succulente. Nous avons pu y marier deux ingrédients typiques de la région, soit le poivre vert de Kampot et le crabe. En plus de manger plusieurs plats Khmers et aussi, occidentaux! Rien de mieux qu’un bon spaghetti pour se remonter le moral lorsqu'on passe Noël loin de chez soi! Ou peut-être est-ce une coupe de vin...Je veux dire la bouteille!

Bon temps des Fêtes à tous!


Joyeux Noël!!

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